Réponse à Patrice Roy, suite au reportage du Téléjournal du lundi 13 avril 2015

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« Des terrasses payantes »

Correspondance à Patrice Roy suite au Reportage de lundi le 13 avril  « Des terrasses payantes » (voir la 12e minute).

Monsieur Roy,

Nous vous transmettons nos commentaires à la suite du reportage portant sur les terrasses de certains restaurants dans le quartier Rosemont-La-Petite-Patrie tel que présenté à votre émission le lundi 13 avril dernier. À titre d’animateur du Téléjournal, vous avez conclu la présentation de ce reportage en mentionnant ceci:

« C’est pas comme si on avait des terrasses neuf mois par année. C'est seulement l’été et il faut laisser les restaurateurs en paix, quoi! ».

Cette remarque démontre un manque flagrant de connaissance de la problématique qui a amené l’administration municipale à adopter une mesure d’intérêt public.

Un trottoir est une infrastructure municipale de base dont la fonction est d’assurer la libre circulation des piétons, y compris les jeunes familles avec poussettes ou les personnes ayant recours à un fauteuil roulant. L’utilisation de l’espace résiduel d’un trottoir pour des fins de terrasse est accessoire et non une fin en soi.

La décision des élus de Rosemont–La Petite-Patrie de baliser l’aménagement des terrasses sur les trottoirs constitue un grand pas vers l'accessibilité universelle puisque tous les cafés, restaurants et autres commerces qui souhaitent offrir un espace extérieur à leur clientèle doivent désormais dégager un passage libre d’au moins 1,5 m entre leur commerce et leur terrasse, s’ils ne veulent pas devoir retirer leurs tables et leurs chaises.

Il est désolant de constater que le reportage présenté à l'émission Le Téléjournal de 18 h, le lundi 13 avril dernier donne raison aux quelques restaurateurs insatisfaits (7 sur 90) sans prendre l'avis d'un organisme de défense des droits des personnes handicapées. Cet accommodement raisonnable est une question de droits, d'éthique, de principes d'accessibilité universelle, et d'adaptation des services à une clientèle en croissance. Vous savez sans doute que la population du Québec vieillit. Or le handicap croît avec l’âge.

De plus, nous jugeons que vos propos en conclusion du reportage étaient tout à fait déplacés et inappropriés. Radio-Canada aurait dû faire preuve de plus d'ouverture et d'empathie envers les résultats positifs que les groupes de personnes handicapées, notamment le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM), Ex aequo, et le Regroupement des organismes de promotion du Montréal métropolitain ont réussi à atteindre après plusieurs démarches auprès des élus.

Kéroul oeuvre depuis 35 ans à rendre le tourisme et la culture accessibles aux personnes à capacité physique restreinte. En octobre dernier, nous avons organisé le Sommet mondial Destinations pour tous 2014. Lors de cet événement, qui réunissait 360 personnes de 31 pays, nous avons constaté que le Québec accuse un sérieux retard comparativement à d'autres villes et destinations à travers le monde qui ont une longueur d'avance en matière d'accessibilité.

Pendant ce Sommet, nous avons pu compter sur la collaboration active de Radio-Canada qui a organisé des activités de sensibilisation de ses employés et diffusé un reportage de l’Émission enquête sur les hôtels qui ne respectent pas les normes de construction du Québec en regard de l’accessibilité pour les personnes handicapées.

Ce rattrapage vers l'accessibilité universelle doit être un objectif pour le 375e anniversaire de Montréal, en 2017, pour que tous les montréalais et les touristes puissent participer pleinement aux festivités organisées dans les arrondissements.

Souhaitant que tous, sans exception, puissent profiter de l'été!

 

André Leclerc

Président-directeur général

Kéroul